Monténégro (12 Août 2015 - 23 Août 2015)

Carte du Monténégro : C'est en qualité d'amoureux de la Croatie que je découvre ce nouveau pays des Balkans. A partir de Podgorica où nous arrivons par avion, notre voyage consistera en un "8" un peu écrasé.
En partant vers le Durmitor au Nord-Ouest, nous visiterons le très connu Monastère d'Ostrog avant de nous rendre dans le Nord-Est du pays. Nous descendrons ensuite vers le Sud via Virpazar et remonterons vers le joyau du Monténégro : les Bouches du Kotor où nous finirons notre voyage.
Les indications sur la carte indiquent ce que nous avons visité.
  • En rouge, ce qui concerne les activités en ville
  • En vert, ce qui concerne les randonnées
  • En bleu, ce qui concerne les activités nautiques
  • En violet, ce qui concerne les logements que nous avons utilisés


Préparatifs

Pour ce voyage, nous sommes partis à deux avec nos sac à dos. Des impératifs de calendrier nous ont poussés à partir durant le mois d'Août. Ce dernier est le mois le plus cher et aussi le plus chaud, en certains endroits la chaleur peut vite devenir insupportable.

Santé : Aucune précaution particulière, le Monténégro est un pays sûr qui répond aux mêmes normes que l'Europe. Ma trousse à pharmacie contient donc les indispensables de voyages :
  • Paracétamol
  • Crème anti-moustique
  • Lingettes anti-septique
  • Anti-histaminique
  • Anti-diarrhéique
  • Pansements
  • Pince à tique
  • Pastilles purificatrices d'eau
  • Crème solaire indice 50

Transports : Nous avons décidé de louer une voiture pour ces quelques jours de vacances. Avoir une voiture est un luxe que j'apprécie à sa juste valeur.
Plusieurs loueurs de voitures sont disponibles un peu partout dans le pays. Lors de notre visite les plus compétitifs étaient Hertz et Meridian, une adresse monténégrine. Nous avons opté pour Hertz.

La conduite au Monténégro :

Le panneau ci-contre jalonne les routes du Monténégro et c’est à raison. Nous avons-nous même fait face à de nombreuses chutes de pierres/éboulis.
Le Monténégro est un pays à dominante montagneuse, aussi il est rare d’aller très vite et les routes principales qui pourraient s’apparenter à nos nationales sont souvent limitées à 40km/h. Ces limitations sont souvent ignorées par les monténégrins bien que la police fasse de nombreux contrôles et nous avons observé à de nombreuses reprises des panneaux modifiés à la peinture.
En plus des dépassements dangereux qui sont légions un peu partout dans le pays, la conduite à Podgorica (et dans une moindre mesure à Budva) est carrément agressive. Ce dernier comportement ne se retrouve pas trop en province.

Langues : Au Monténégro, on parle ... Monténégrin, logique jusqu'ici. L'anglais est parlé dans les endroits touristiques et la plupart des auberges/B&B.
Pour répondre à une demande touristique grandissante provenant de Russie, le russe est souvent utilisé également. Il faut savoir que les Monténégrins utilisent aussi l'alphabet cyrillique ce qui facilite grandement les choses.

Monnaie : Le Monténégro et le Kosovo sont les deux seuls états n'appartenant pas à l'UE utilisant l'euro comme monnaie d'échange. Ce qui est très pratique d'un point de vue touristique est aussi une curiosité qui m'a surpris.
Le pays n'a pas le droit de frapper de la monnaie, aussi il est impossible de trouver des pièces monténégrines. Le Monténégro avait choisi d'adopter le Mark allemand pour stabiliser son économie mise à mal à cause des guerres de Yougoslavie et a ensuite changé pour l'Euro.

Formalités administratives : Venant de France, un passeport ou carte d'identité suffit. Pas besoin de Visa pour un court séjour.

Guide : Pour ce voyage, je me suis procuré l'édition française du Lonely Planet sur le Monténégro. Nous sommes globalement satisfaits de ce guide même si nos opinions ont souvent divergé de ce qui peut y être écrit.
Je ne manquerai pas de mettre en exergue ces derniers dans le récit.

En 2013, lors de mon voyage en Croatie j’avais eu du mal, arrivé à Dubrovnik, à me résoudre de ne pas embarquer sur un bateau pour aller voir les bouches du Kotor. Je me suis promis de retourner dans les Balkans et c’est chose faite en 2015.
Minuscule pays à dominante Orthodoxe et indépendant depuis 2006, le Monténégro possède un littoral finalement assez petit et de nombreuses montagnes. Bien que très proche géographiquement de la Croatie, le pays est très différent et offre des possibilités touristiques variées. Depuis la festive Budva au calme du parc national du Prokletije en passant par les merveilleuses bouches de Kotor, il est impossible de ne pas y trouver son goût.
Bienvenue au Crna Gora, petit pays des Balkans qui renferme tant de surprises.


Jour 1 : Arrivée à Podgorica, Monastère d'Ostrog et route vers le Durmitor

Nous arrivons à 8h30 du matin à l’aéroport de Podgorica, capitale sans réel charme de ce petit pays. La visite de la ville est déconseillée au cœur du mois d’Août alors qu’elle s’apparente plus à un four qu’à une capitale européenne. J’ai loué une voiture pour 10h du matin, la marge de sécurité que je me suis imposée est bien trop importante prenant en considération que l’aéroport est minuscule et que nous récupérons nos bagages en l’espace de 10 minutes. Il est 9h, presque 30°C, Podgorica est éveillée depuis longtemps.
Avant de partir de l’aéroport, nous achetons une carte routière, n’ayant pas de GPS et les indications étant parfois assez rudimentaires, cette carte deviendra bien vite notre fidèle amie.
Nous contournons la capitale le plus vite possible, nous avons prévu beaucoup de choses aujourd’hui, une courte escale dans Podgorica suffit à mettre mes nerfs de conducteur à rude épreuve (il n’y a pas vraiment de périphérique mais plutôt une succession de boulevards qui entourent la ville, aussi il est obligatoire de s’aventurer un peu dans la capitale quelle que soit la direction que l’on veuille prendre).
Première étape : le monastère d’Ostrog, indissociable de toute brochure touristique sur le Monténégro, ce monastère est aussi un haut lieu de la religion orthodoxe étant donné qu'il abrite la dépouille de Saint Basile. L’ensemble monastique comporte en vérité une succession de petits établissements religieux que nous découvrirons à pied depuis le monastère du bas.
Il y a du monde, énormément de monde, aussi je ne tergiverse pas longtemps et profite de la première place de parking que je trouve.

Le premier bâtiment (L'église Sainte-Trinité) est le premier monastère orthodoxe que j'ai la chance de visiter. L’intérieur est entièrement peint en bleu auquel des représentations de Saints et de nombreux ornements viennent s’ajouter. Ce style chargé dans une ambiance qui sent l’encens sera une constante dans tous les lieux religieux que nous visiterons dans le pays.
Les choses sérieuses commencent pour monter jusqu’au bien connu monastère d’Ostrog à l’abri de sa paroi rocheuse. Après une petite demi-heure d’une montée ombragée, nous arrivons sur la terrasse. Une immense queue s’est déjà formée pour visiter l’endroit, nous viendrons bientôt la gonfler pendant 1h30 en plein soleil. Le monastère d’Ostrog est aussi un lieu de pèlerinage et nous voyons de nombreux croyants sortir l’air grave voire même en pleurant. La visite du lieu en tant que tel ne nous laissera pas de souvenirs inoubliables (S’il fallait comparer, j’ai vu des grottes peintes bien plus impressionnantes au Sri Lanka, à Dambulla), ce qui est remarquable est d’avoir assisté à la démonstration de la foi des monténégrins de tout âge.
Nous reprenons la voiture en direction cette fois de Nikšić, deuxième ville du pays et ville étudiante, nous profitons de ses grandes surfaces pour faire le plein de nourriture. L’ombre d’une statue gigantesque située au cœur de cette ville sans charme sera pour nous un endroit de choix pour manger nos sandwichs avant de repartir. Dix minutes auront suffi à Amandine pour s’attirer les charmes d’un vieux monténégrin visiblement très aviné.
La route se poursuit ensuite vers Žabljak, porte d’entrée du Durmitor, la route est magnifique et nous arrivons vers 19h au camping que nous avions réservé depuis la Suisse. Un petit chalet avec deux petits lits sera notre base pour deux jours, charmant.




Le parc national du Durmitor, dominé par le Bobotov Kuk, est connu pour son lac (Crno jezero), ce dernier est accessible depuis notre camping par une marche d’environ 30 minutes à travers la forêt. Cette randonnée présente deux avantages, le premier est que le soleil se couche ce qui promet une belle marche au frais, le second est que l’on évitera ainsi de payer le coût d’entrée du parc ce qui est grisant. Malgré nos efforts, nous nous sommes perdu en forêt et avons dû faire demi-tour avant de devoir sortir la lampe frontale. Nous verrons le lac demain, nous nous couchons épuisés.

Jour 2 : Lac Noir, parc du Durmitor et canyon de la Piva

Le Monténégro n’a pas de décalage horaire avec la France, étant situé bien plus à l’Est, il en résulte que le soleil se lève très tôt (et se couche donc très tôt). Notre réveil sonne à 7h et le soleil est déjà bien haut au-dessus de l'horizon. Afin d’éviter les foules, nous ferons le tour du Crno jezero le plus tôt possible. C’est un succès car le lac s’offre à nous dans son écrin de lumière et de fraicheur matinale. Le tour prend environ une heure pendant lequel nous ne cesserons de nous arrêter pour faire des photos ou manger les nombreuses baies délaissées par les touristes. Un peu plus tard nous entamons une marche pour rejoindre un autre lac et l’on se perd à nouveau, j’ai bien du mal à convaincre Amandine que cela ne m’arrive jamais en temps normal.
Nous prenons notre déjeuner un peu en dehors du centre de Žabljak dans un restaurant qui nous parait un peu moins dévolu au tourisme de masse. Le programme de l’après-midi est simple : traverser le Durmitor en voiture, visiter le canyon de la Piva et revenir. Un programme simple qui deviendra l’un de mes meilleurs souvenirs de ce pays.
Cette route part vers l’Ouest à environ 15 min au Sud de Žabljak. Le paysage est d'ores et déjà grandiose, c’est un réel plaisir de conduire sur cette route de montagne qui permet de rejoindre le canyon de la Piva en environ une heure. Une route longe la rivière Piva au fond de ce canyon. Une cinquantaine de tunnels ont été creusés dans la roche pour rejoindre la Bosnie au Nord. A ce travail de forçat, il faut ajouter la beauté naturelle de l’endroit, inoubliable.
Après une courte escale à Pluzine pour acheter nourriture et essence, nous reprenons la route du Durmitor. Si à l’aller j’ai dit que c’était magnifique, au retour avec le soleil couchant, les paysages sont carrément dingues.
Nous nous couchons des étoiles plein les yeux après un repas luxueux préparé par nos soins dans la cuisine minuscule du camping : pâtes à la sauce tomate.

Jour 3 : Route vers le parc national de Biogradska Gora

Nous quittons aujourd’hui la région du Durmitor pour la ville de Mojkovac, située un peu plus à l’Est. Avant de partir nous n’oublions pas d’aller voir le canyon de la Tara. Une courte randonnée rejoint un point de vue surplombant la vallée. Depuis le centre-ville de Žabljak au supermarché Voli, il faut prendre à droite et suivre les panneaux indiquant Tepca où il est possible de trouver un petit parking avec une indication « Curevac ». Après nous être chaussés, on atteint le point de vue tout au bout du chemin en environ 45 minutes. La vue depuis cet endroit est inoubliable. Nous nous perdons (une nouvelle fois !) sur le chemin du retour et, à ce jour, nous ne comprenons toujours pas comment nous avons fait.
La prochaine escale de la journée sera le pont sur la Tara. Hormis son emplacement impressionnant, il demeure un pont en béton d’après-guerre avec peu de charme. Il faut tout de même mettre à son crédit, qu’à sa construction, il était le pont le plus long d’Europe.
Nous passons rapidement par le monastère de Dobrilovina où nous avons trouvé portes closes. Nous arrivons en début d’après-midi dans la ville de Mojkovac décriée par le Lonely planet. Il est vrai que la ville a connu un passé très industriel, mais elle renaît aujourd’hui et des efforts ont été faits pour rendre la ville plus présentable.
Un certain charme se dégage même du centre-ville où nous mangerons d’excellentes pizzas à 4€ avec une vue incomparable sur la statue mégalo de Janko Vutovic, général à la tête des forces monténégrines pendant la première guerre mondiale.
La fin d’après-midi sera consacrée au parc de Biogradska Gora (3€/personne) et son lac vert. Nous y arrivons vers 15h, et trouvons un petit endroit au calme pour nous baigner malgré l’eau froide qui me pose bien moins de problèmes qu’à Amandine. De petits poissons viennent aussi nous faire une pédicure bien agréable.
En cette fin de journée, nous ferons juste le tour de ce petit lac à pied. Il ne vaut pas le lac que nous avons vu la veille mais reste tout de même intéressant. A l’aide d’une carte du parc obtenue gratuitement à l’office de tourisme de Mojkovac, nous prévoyons pour le lendemain une randonnée pour atteindre le Bendovac, un sommet du parc relativement accessible afin d’avoir une vue panoramique sur une des dernières forêts primaires d’Europe.

Le saviez-vous?

L’Autriche a énormément aidé le Monténégro dans le développement de ses infrastructures touristiques en particulier dans les parcs naturels.

Les cartes que nous avons réussi à nous procurer indiquaient toutes une provenance autrichienne. La langue allemande figure donc logiquement sur toutes les cartes de randonnée. Plus rarement, le français trouve aussi sa place.

Au Biogradska Gora, on peut aussi trouver des pontons traversant des marais ou une tour d’observation construite avec une participation autrichienne.
Nous rejoignons ensuite le Country House Eco village Ćorić pour la nuit, un chalet situé au cœur d’une petite exploitation de fruits biologiques. Je passe une bonne partie de la soirée à cueillir des mures et des framboises tandis qu’Amandine prépare la route pour le lendemain.

Jour 4 : Parc national de Biogradska Gora et route vers le parc national du Prokletije

Nous repartons pour le Biogradska Gora (6€ encore, aucun moyen de négocier sachant que l’on est venu la veille pour seulement 2 heures) et partons à pied vers le Bendovac. Selon le temps et notre forme nous envisageons de monter ensuite au Razvrše, un sommet proche. La randonnée dans sa quasi intégralité suit une piste 4x4 ce qui nous permettra de ne pas nous perdre. Une demi-heure environ avant la courte montée finale, on entend le tonnerre dans le lointain, je ne terminerai pas la randonnée sereinement ayant connu une mauvaise expérience d'orage m’ayant surpris en forêt. Nous poursuivons malgré tout et atteignons le sommet avant que l’orage ne s’abatte sur nous. Le paysage est magnifique et nous sommes enfin récompensés d’une marche pas si facile.
Un minuscule chalet de montagne où l’on sert à manger sera notre abri le temps que la météo s’améliore. Le temps restant orageux, nous ne tenterons pas le Razvrše. Nous descendons ensuite rapidement pour rejoindre la voiture, il nous reste beaucoup de kilomètres à abattre cet après-midi pour rejoindre l’Est du pays. Nous contournons le parc par le Nord via Berane, Andrijevica et le tristement célèbre village de Murino, la route traverse des paysages tantôt magnifiques tantôt des villes pauvres et désolées.

Le saviez-vous?

Quand on prend la route vers l’Est du pays, le paysage change relativement peu, cela reste un paysage de montagnes, cependant le paysage culturel et religieux change radicalement.

L’Est du pays concentre les musulmans du pays, les mosquées font peu à peu leur apparition dans les villes.

Églises et mosquées sont présentes dans une paix harmonieuse.
Nous arrivons enfin à Gusinje, minuscule cité de montagne abritant deux mosquées dont l’une possède un ancien minaret en bois, somme toute le seul intérêt de la ville. Le Lonely Planet dépeint une ville qui offre « un visage propret et sympathique ». En réalité, nous trouvons ici une ville triste et délabrée que nous nous pressons de quitter afin de rejoindre notre B&B pour deux nuits à Grebaje.
Grebaje est située au milieu d’un cirque magnifique, nous sommes littéralement aux confins du Monténégro au cœur d’un paysage demeuré sauvage et encore préservé d’un tourisme de masse. S'y rendre n'est pas forcément facile, les indications routières ne sont pas bonnes à Gusinje.




Il nous a été impossible de nous procurer une carte des chemins de randonnée et le gardien qui surveille l’entrée du parc (1€) n’en vend pas. Il s’est d’ailleurs montré bien incapable de nous conseiller une randonnée en particulier. Le soir à l’auberge nous rencontrons Mathieu, un français qui a déjà passé quelques semaines dans le massif. A l’aide de ses cartes et des indications du fils du propriétaire du B&B, nous repérons une randonnée longue mais qui parait magnifique et accessible. Il faut ménager le genou douloureux d’Amandine et Mathieu veut faire une marche facile. Nous partirons donc tous ensemble demain matin.

Jour 5 : Parc national du Prokletije

Des orages sont annoncés pour la fin de journée, il faudra faire vite. Vers 9h nous attaquons notre montagne, pour une fois au Monténégro, les marquages sont de qualité et il est impossible de faire fausse route (ouf!).
Le chemin monte à travers la forêt et débouche sur un cirque dont nous ferons le tour en marchant sur l’ensemble des crêtes. Dans le cirque, il y aurait des dessins préhistoriques mais nous ne les trouverons jamais malgré nos efforts répétés. Le Valusnica sera notre premier point de vue, ce dernier est déjà époustouflant et ce n’est rien en comparaison du Talijanka (2056 m – premier « 2000 » d’Amandine) qui nous offre toute la magie de la montagne.


Aujourd’hui, nous déjeunons en Albanie, en effet la ligne de crête est aussi la frontière entre les deux pays. Nous rejoignons le Popadija (2057 m) situé à quelques encablures avant de redescendre. Un orage se forme à l’horizon, nous sommes de retour au B&B vers 16h30 pour une boisson bien méritée après environ 8h d’une marche pas trop dure.





A 17h30 des trombes d’eau s’abattent sur Grebaje et nous nous reposons tranquillement après avoir offert à Mathieu de se doucher dans notre chambre. Il voyage en solo et en tente, cette douche sera sa première douche chaude depuis 2 mois. De notre côté nous mettons à profit la mauvaise météo pour préparer notre route du lendemain et nous reposer avant d’aller dîner.

Jour 6 : Canyon de la Morača, Virpazar et lac de Skadar

Nous partons vers 9h du matin et après avoir déposé Mathieu à Gusinje, nous traversons Plav qui n’est pas aussi délabrée que le Lonely veut le prétendre. Notre prochaine étape sur la route sera le Monastère de la Morača. Pour nous y rendre, il nous faudra emprunter des routes de montagnes assez périlleuses et une averse survient dans les lacets, comme si c’était trop simple...
Le Monastère de la Morača, à l’instar d’Ostrog est un haut lieu de la religion orthodoxe au Monténégro, les touristes en moins. Nous visitons ce magnifique ensemble monastique en profitant d’une éclaircie salutaire. Je garde un très bon souvenir de cet endroit paisible où la quiétude est le maître mot.
Nous reprenons notre route via le canyon de la Morača qui se présente à nous avec un rideau de pluie. La route est magnifique, je regrette que la mauvaise météo nous ait un peu gâché le spectacle. Nous arrivons bien (trop ?) vite à Podgorica que je m’empresse de traverser le plus rapidement possible pour rejoindre Virpazar. Nous y emmenons avec nous deux auto-stoppeurs polonais.
Nous traversons rapidement Virpazar, nous y reviendrons plus tard. Nous mettons le cap sur Godinje et arrivons à notre B&B sous une importante averse. Nous logeons chez un couple âgé de Monténégrins, la communication est difficile puisqu’ils ne parlent que le monténégrin. Une heure plus tard nous poursuivons la route vers l’Est en direction de Murići alors que le soleil est de retour.
Toute la beauté des paysages du lac de Skadar s’offre alors à nous. Lors de la préparation du voyage j’avais délibérément choisi une courte escale à Skadar après avoir longuement hésité si oui ou non nous irions. Nous aurions fais là une erreur monumentale. Tandis que les guides touristiques ne jurent que par les ballades en bateaux (très onéreuses) en partance de Virpazar, la route qui surplombe le lac sera l’un de mes meilleurs souvenirs de ce voyage tant le spectacle est merveilleux et le silence quasi absolu.
Sur la route du retour nous achetons une bouteille de vin pour la fin du séjour à un exploitant local, une route des vins parcourt le sud du lac, le vin est réputé pour être bon. Nous le goûterons quelques jours plus tard.



Nous visitons Virpazar le soir après y avoir déposé deux auto-stoppeurs (les 4ème et 5ème de la journée) Français. L’agitation de la journée ayant disparu, le petit village de pêcheurs ne présente pas autant d’attraits que je l’aurais cru et après quelques courses à la supérette nous sommes vite rentrés à Godinje où nos hôtes nous ont préparé un repas complet dont le mets principal sera une truite marinée du lac, une spécialité de la région. Je dois avouer que c’est bon mais bien trop salé pour moi.


Jour 7 : Forteresse de Haj-Nehaj, Petrovac, Sveti Stefan et Budva

Pour cette matinée, nous avons hésité longtemps entre visiter la veille ville de bar (Stari Bar) ou explorer une forteresse Vénitienne du 15ème siècle difficile d'accès. Notre choix s’est bien évidemment porté sur la forteresse Haj Nehaj située juste à côté de Sutomore. Absolument pas touristique, il est facile de se garer (malgré les hordes de touristes armées de leurs serviettes allant à la plage à 9h du matin) au début du sentier pour accéder à cette forteresse qui domine la côte depuis son éperon rocheux. Haj Nehaj avait pour vocation de défendre la frontière sud de la République de Venise contre l’empire Ottoman qui gagnait en puissance à l'Est. Nous atteignons les ruines après une petite heure de montée, au début le sentier est assez mal indiqué et devient de plus en plus clair par la suite.



La vue depuis le sommet est assez surprenante même si ce sont les ruines qui attirent plus ma curiosité tant l’ensemble défensif est impressionnant. Au cœur de ce dernier on peut y trouver une vieille église antérieure encore aux ruines, l’église St Demetrius datant du 13ème siècle.

Le saviez-vous?

Il y a une constante présente un peu partout au Monténégro que je n'ai pas encore abordé, un tag est omniprésent et la forteresse de Haj Nehaj en est recouverte. Il s'agit de la Croix serbe.
La Croix serbe est une croix dont les branches sont de même longueur et se croisent en leur milieu, dans les 4 carrés ainsi formés, on trouve 4 C. Cette croix représente le symbole national, symbole religieux et ethnique des Serbes. Cette croix se retrouve par ailleurs sur le drapeau de la Serbie.
Les 4 C représentent les 4 premières lettres de la devise en serbe cyrillique "Само Слога Србина Спасава" qui se traduit par : "Seule l'union sauve les Serbes". Beaucoup de monténégrins se revendiquent serbes et il y a par ailleurs de nombreux serbes dans le pays.

Nous redescendons et prenons la route vers Petrovac, station balnéaire familiale réputée. Tandis qu'au large, l'île de Sv. Neđelja et son monastère semblent inoccupés, la plage de Petrovac est assaillie de touristes et il est impossible de trouver assez de place pour accoler nos deux serviettes. Il faut aussi remarquer un immense complexe hôtelier en construction à deux pas de la plage ce qui, en plus d’être complètement anti-écologique, dénature la magnifique baie de Petrovac. D’une manière générale, ce genre de construction est une constante sur le littoral. A d’autres endroits, c’est la montagne environnante qui est grignotée pour faire place à des hôtels. Le tourisme de masse est là et détruit le Sud du Monténégro.
Nous continuons donc notre route et après un bref arrêt au monastère de Reževići, nous atteignons la cité de Sveti Stefan. La presque-île est la propriété d’un hôtel de luxe, il est donc impossible de la visiter à moins de débourser une somme colossale. A l’extrémité gauche de la baie, là où la plage est la plus inhospitalière, la baignade est gratuite, c’est là que nous irons. Pour aller sur la plage privée de l’hôtel il faudrait débourser 70€ … soit approximativement notre budget nourriture pour une personne pour une semaine (je ne crois pas que cela nécessite un commentaire).
Après deux heures environ à se baigner dans l’Adriatique, nous reprenons notre route pour atteindre Budva où nous trouverons notre B&B avec relativement peu de difficultés.



Selon Lazar Rađenović, maire de Budva, « vous ne pouvez pas visiter le Monténégro sans visiter Budva », je crois qu’au contraire Budva est une cité à part qui ne reflète absolument pas le Monténégro. Dans cette ville où les maires sont régulièrement arrêtés par la police pour diverses raisons, est concentrée une masse touristique importante (à grande dominante russe) venant chercher là un endroit où dépenser son argent. Il faut imaginer à Budva tout ce que le tourisme de masse peut engendrer de non désirable et même d’insupportable.
Nous nous évadons du front de mer vers la vieille ville un peu boudée des touristes bedonnants. La Stari Grad est souvent comparée à Dubrovnik, il n’en n’est rien, une comparaison avec Trogir en Croatie paraît bien plus vraisemblable. Nous marchons un peu au hasard dans cette vieille ville pleine de charme et visitons la citadelle (2€) pour assister à temps au coucher de soleil depuis cet endroit surplombant la vieille ville.
Le soir nous dînons avec des pâtes préparées par nos soins dans notre B&B.

Jour 8 : Parc National du Lovćen et route vers Prčanj

Nous fuyons Budva et sa Riviera et rejoignons le parc national du Lovćen situé non loin de là. Ce parc, important pour les monténégrins, concentre des paysages magnifiques ainsi que le mausolée de Njegos. Nous ne visiterons pas ce dernier et privilégierons les espaces naturels. Une magnifique randonnée assez facile (chemin vert) part du centre d’accueil et permet en quelques heures d’avoir un excellent aperçu du parc et un point de vue sur les bouches du Kotor.
Depuis le centre d’accueil situé à Ivanova Korita, nous montons en direction du Treštenik (1489 m) d’où la vue est à couper le souffle et porte depuis Skadar jusqu’à la baie de Budva, une des plus belles vues de ce voyage. Nous tamponnons notre Lonely avec un tampon présent au sommet.

La suite de la randonnée est assez mal indiquée et nous retombons sur le bon sentier sans trop comprendre comment. Très vite nous avons notre premier aperçu des bouches du Kotor et avons déjà hâte de nous y rendre.
Du fait de sa position géographique, le Lovćen est très arrosé et en ce début d’après-midi le ciel commence à se charger dangereusement. Nous nous perdons une dernière fois avant de regagner la voiture et commençons sérieusement à maudire les marquages monténégrins. Avant de descendre vers Kotor, nous faisons une courte escale à Njeguši pour goûter le fameux jambon de la ville. Soyons clair, le village n’a aucun intérêt, seule sa gastronomie vaut le détour. Malheureusement nous empruntons la Serpentine (nom de la route qui descend en lacets vers Kotor) sous des trombes d’eau. Ironiquement, la baie de Kotor que l’on aime comparer à un Fjord en a, à ce moment précis, vraiment l’apparence. La conduite n’est vraiment pas facile et une collision frontale a lieu quelques voitures devant nous ce qui bouche entièrement la Serpentine le temps que les deux voitures en questions arrivent à se dégager. La route est d’autant plus dangereuse qu’elle est empruntée par des touristes n’ayant aucune notion de la conduite en montagne.

Après de nombreux bouchons, nous arrivons enfin à nous frayer un chemin jusqu’à Prčanj où nous logeons aux appartements Durovic. Nous profitons de l’éclaircie qui survient vers 19h pour visiter cette charmante petite ville. Prčanj est surtout connue pour sa cathédrale accompagnée de son escalier monumental en marbre. Les bouches de Kotor ont réussi (jusqu’à maintenant du moins) à conserver une certaine authenticité, et à se protéger du tourisme de masse. La ville de Prčanj et toute la péninsule du Vrmac de manière générale est un véritable coup de cœur. Nous débouchons ce soir, l'excellente bouteille de vin achetée à Skadar. Si comparaison il devait y avoir, je le comparerais volontiers à un Bourgogne.

Jour 9 : Kotor, Perast et Prčanj

Ce matin, après le petit déjeuner nous nous rendons à Kotor. La ville qui est restée pendant plusieurs siècles sous domination Vénitienne porte encore les marques de son histoire ; le lion de St Marc est partout. Il est tôt et la ville est encore quasi déserte. Nous profitons du dédale de ruelles. Bien qu’il y ait énormément de magasins, il faut bien le reconnaître, la ville demeure relativement authentique et la visite est plaisante.
Vers 10h nous nous engageons dans les escaliers (3€/personne) pour monter jusqu’au château St John. Cette heure présente plusieurs avantages, les touristes commencent à abonder en ville et l’escalier est encore à l’ombre. L’ascension n’est pas aussi difficile que l’office de tourisme le prétend et la vue ne cesse de s’améliorer plus on monte vers le sommet.
C’est étonnant ce que les hommes du Moyen-Âge ont pu créer pour se protéger. D’une longueur totale de 4.5 km, d’une largeur allant de 2 à 16 m et d’une hauteur pouvant aller jusqu’à 20 m, la muraille de Kotor est imposante et la façon dont elle est construite, à flanc de montagne, en fait un endroit vraiment unique. En outre, elle est aussi efficace, à deux reprises les Ottomans qui assiégeaient la ville ont du rebrousser chemin.
Après être redescendus doucement, nous prenons la route de Perast qui est un petit village sympathique situé sur le rivage, deux petites îles sont accessibles en bateau depuis là mais nous n’irons pas et nous passerons une heure environ à déambuler dans le village.
Nous rentrons ensuite vers Prčanj vers 15h afin de profiter de la « plage », nous n’avons en vérité qu’à descendre la rue pour trouver une étendue bétonnée très agréable et aménagée, la baignade est un réel plaisir et nous passons la fin de l’après-midi à nous reposer.
Prčanj est surmontée d’une église à l’abandon qui aurait un cimetière très ancien, le tout est interdit d’accès mais il est assez facile de trouver le chemin d’accès qui y monte. Voilà une expédition idéale pour le crépuscule. Le jeu sera donc de s’y rendre avant le coucher du soleil et prendre des photos de là haut.
Une courte ballade y monte en environ 30 minutes depuis le village, nous sommes un peu déçus une fois arrivés car tous les accès sont bel et bien barrés, nous faisons le tour de l’ensemble en traversant les ronces pour rien. Je trouve néanmoins moyen d’escalader le mur et le franchis non sans difficultés (bloc de niveau 5.9 que je nommerai Une traction vers la tombe, mieux vaut ne pas chuter). A l’intérieur, un cimetière très ancien, de nombreuses tombes ont déjà été ouvertes et certains cercueils jonchent l’intérieur de l’église. Il est possible d’observer quelques os. Bien que grisé d’avoir bravé un interdit, je suis las de cette ambiance glauque et rejoins Amandine qui m’attends de l’autre côté du mur. Nous nous coucherons assez tôt car demain nous ferons une randonnée sur le Vrmac.

Jour 10 : Randonnée sur le Vrmac

Nous partons vers 8h et après avoir fait le plein de bureks à la boulangerie de Prčanj, nous prenons la direction de Muo d’où le sentier qui monte vers la crête du Vrmac est indiqué. Depuis le chemin il est possible d'avoir une fantastique vue sur Kotor et ses fortifications.
Après avoir longuement longé la berge, nous prenons le chemin en lacets qui monte à travers bois pour atteindre après environ 1h de montée l’ancien fort autrichien construit là pour défendre la baie de Kotor. Il est facile de pénétrer à l’intérieur pour des frissons garantis, à l’aide de ma frontale nous parcourons ce domaine humide et sombre complètement abandonné par l’homme. Ce dernier a été remplacé par les chauves-souris, qui occupent les couloirs et les escaliers. Leurs cris ajoutent une ambiance sonore angoissante à cet endroit déjà bien sinistre.

Après être ressorti, nous prenons la direction du sommet du Vrmac où nous avons décidé de manger. C’est chose faite, plus tard que prévu, le sommet est occupé par des dizaines de chèvres qui ont transformé l’endroit en véritables latrines, à croire qu’elles aussi apprécient la vue.

Nous redescendons vers Prčanj via un sentier à moitié abandonné, et arrivons enfin à revenir au point de départ. Nous avons largement sous-estimé la durée nécessaire pour faire cette randonnée et arrivons juste avant un énorme orage.

Nous prenons 30 secondes pour nous baigner et voyons un rideau de pluie arriver progressivement depuis Perast. Il pleuvra une bonne partie de la soirée. Nous profitons de ce temps pour préparer la route du lendemain. Hors de question pour moi de reprendre la Serpentine sous la pluie annoncée le lendemain matin, nous ferons le tour par Budva pour remonter ensuite sur Cetinje.


Nous partons de la région de Kotor avec beaucoup de regrets, nous avons eu un coup de cœur pour cet endroit qui restera un excellent souvenir.

Jour 11 : Rijeka Crnojevića et Karuč

Après avoir traversé Budva, nous reprenons la route du Lovcen qui mène aussi à Cetinje, l’ancienne capitale du pays. Il n’y a pas grand-chose à visiter il faut bien se l’avouer et finalement la ville n’est pas touristique. Une route piétonne agréable traverse le centre ville et de nombreuses anciennes ambassades maintenant réhabilitées y ont pignon sur rue.

Le saviez-vous ?

1) Toutes les ambassades possèdent une architecture différente, mais l’une d’elles sort clairement du lot. Il s’agit de l’ambassade française.
Qualifiée de plus bel édifice de la ville (les monténégrins feraient donc preuve d’ironie?), l’ambassade de la France jure vraiment avec les bâtiments alentours, l’histoire voudrait que les plans d’architectes pour les ambassades du Caire et de Cetinje aient été inversés lors du début des travaux.

2) Dans l’intégralité des villes que nous avons visitées, le paysage des rues est toujours un peu le même, les terrasses de cafés sont toujours occupées par de nombreux hommes. Pas ou peu de femmes sont présentes au cœur de l’après-midi. Certes le chômage est important au Monténégro (environ 15 % en moyenne ces dernières années) mais cela n’explique pas tout.

Au sein de la société monténégrine, l’homme ne travaille pas forcément et ne s’occupe que de bien peu de tâches ménagères. Celles-ci restent l’apanage de la femme qui doit gérer cela en plus de son travail.

Nous continuons notre chemin vers Rijeka Crnojevica qui ne présente aucun intérêt à par son pont entourés de restaurants touristiques dont un qui affiche 5 étoiles mais je suspecte que c’est bien d’avantage pour avoir une jolie symétrie sur son logo que par la qualité de sa nourriture. Le reste de la ville est délabré et c'est bien dommage. Des bateaux touristiques permettent de partir en expédition sur la rivière à des prix prohibitifs.
Nous repartons en direction cette fois de Karuč, une petite ville sur les bords du lac Skadar, l’ambiance y est tout sauf touristique, Karuč est un havre de paix et nous sommes heureux d’être ici pour notre dernière nuit.
Je demande à nos hôtes s’ils ont un kayak ou un canot à emprunter et tout ce qu’ils disposent est une barque de pécheur mais nous pouvons la prendre si nous le souhaitons. C’est donc avec une joie infinie que je retrouve mes sensations de canot du Québec avec toutefois une barque séculaire. L’ambiance est paisible, j’adore cet endroit. Le soir, je cuisine pour nous deux dans la cuisine de nos hôtes pas tellement habitués à ce que des touristes cuisinent eux-mêmes ce qui a permis des échanges assez drôles.
Le lendemain, nous partons assez tôt, car notre vol est à 12h et devons rendre la voiture à 10h à l’aéroport de Podgorica. Nous sommes partis bien trop tôt, la simulation de Google donnait une heure de route. Nous en mettrons la moitié en prenant notre temps.


Notre voyage s’arrête ici, le Monténégro est un magnifique pays et je pense pouvoir parler pour nous deux en disant que nous retiendrons surtout le Nord et ses montagnes, le magnifique Durmitor et le surprenant parc Prokletije. Nous retiendrons aussi le lac de Skadar et les fantastiques Bouches de Kotor. La façade adriatique n’est quant à elle pas comparable à celle présente en Croatie. Le Monténégro demeurera un excellent souvenir et une belle expérience qui m’incite à continuer ma visite progressive des Balkans.

La langue Monténégrine

Parlée par un petit million de personnes, la langue monténégrine est une langue slave qui ressemble un peu au serbe, au croate ou encore au bosniaque.
Les alphabets latin et cyrillique sont tous deux employés au Monténégro. Dans certains cas, il nous a fallu déchiffrer des panneaux pour nous orienter.
Comme à notre habitude, nous apprenons les mots de base : Bonjour, Merci, Au revoir…etc. Ce petit tableau résume quelques mots indispensables que nous avons appris.




Petit lexique monténégrin

Français Monténégrin
Bonjour Zdravo/Dober Dan
Au revoir Do videnja
Oui Da
Non Ne
S'il vous plaît Molim
Merci Hvala
Excusez-moi Oprostite
Bien/Bon Dobro
un, deux, trois jedan, dva, tri
Deux cafés, s'il vous plaît Dva kavic molim